La ressource en eau : le nouvel eldorado

13 Juil 2023

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Les Amanins - ressources en eauSans eau : pas de vie possible. Le réchauffement climatique accentue de manière visible, inédite et rapide le cycle de l’eau. Cela se traduit par des épisodes de sécheresse intenses de plus en plus long suivi de périodes de pluies diluviennes causant des ruissellements, érodant les sols plus aptes à absorber de telles quantités car « morts » et dispersant des polluants dans les nappes souterraines.

Pas glorieux… Est-il trop tard pour inverser la tendance et préserver un des biens communs les plus importants sur Terre ? Ou nous reste-t-il une chance d’agir dès maintenant, de manière forte et concrète pour assurer à l’ensemble Vivant, et pas qu’aux générations humaines futures, un accès équitable à une eau de qualité ?

Eau et réchauffement climatique : une ressource en péril

Le dernier rapport du GIEC est sans appel : les effets du réchauffement climatique sur les ressources en eau nous exposeront à très court terme (dès 2025) à des périodes de stress hydrique de plus en plus importantes couplées à des hivers intensément pluvieux. Cela signerait donc la fin de plusieurs milliers voire millions d’années à 4 saisons… Vivaldi serait bien déçu !

Au cours des 100 dernières années, l’utilisation mondiale de l’eau a été multipliée par 6 et continue d’augmenter de 1 % chaque année. Les secteurs les plus gourmands en eau sont l’industrie, l’agriculture et le tourisme. En France par exemple, les touristes en vacances consomment en moyenne 230 litres d’eau par jour et par personne (rapport du Ministère de l’économie et des finances paru en juin 2019). À ces consommations d’eau individuelles, s’ajoutent bien évidemment les prélèvements pour le fonctionnement même des activités touristiques. De même, de nombreuses plantes sont encore majoritairement cultivées, notamment le maïs, pourtant extrêmement gourmandes en eau. Et très souvent, ces mêmes cultures ne sont pas directement liées à la sécurité alimentaire mais bien à nourrir le bétail ou encore produire du « bio » carburant pour permettre à nos véhicules de rouler… Un sacré cercle vicieux.

Quelles solutions pour préserver la ressource en eau ?

Il ne semble pas y avoir 36 000 solutions… La première action à mettre en place est de réduire considérablement tout ce qui contribue à accentuer le réchauffement climatique afin de limiter les modifications trop importantes sur le cycle de l’eau et du climat y étant directement relié.

Ensuite, il nous faut gérer de manière plus sobre la ressource en eau et cela passe par la révision de nos manières de produire et de consommer.

Enfin, prêter plus attention aux effets néfastes que peuvent avoir nos activités de loisirs sur la ressource en eau en termes également de pollution et de traitement des eaux usées voire de régénération de ces dernières.

En résumé :

  • Une meilleure préservation des écosystèmes, terres humides, forêts, zones de captage qui sont des remèdes écologiques naturels contre le stress hydrique
  • Recycler et régénérer les eaux usées grâce à des procédés naturels comme les stations de phytoépuration par exemple
  • Promouvoir des pratiques agricoles circulaires, inspirées du Vivant et respectueuses de celui-ci comme l’agroécologie
  • Stocker l’eau, mieux contrôler les débits, adopter des écogestes au quotidien

Quelle reconnaissance juridique du non-humain comme la ressource en eau ?

blog-ressource-en-eau-AmaninsAu sein du territoire de la Biovallée en Val de Drôme où est implanté le centre agroécologique Les Amanins, la question de la gestion de la ressource en eau devient elle aussi brûlante. La rivière Drôme, fil rouge de ce territoire innovant œuvrant de façon coopérative à la transition écologique, est en péril. Il s’agit d’une des rivières les plus propres d’Europe grâce à un travail de régénération de cette dernière au cours des années passées. Cependant, son niveau baisse d’année en année en raison du stress hydrique et du pompage réalisé par les activités agricoles en son long.

C’est pourquoi depuis quelques années, les acteurs du territoire, notamment accompagnés entre autres par l’association Biovallée, abordent des thématiques telles que la place des non-humains dans la gouvernance territoriale.

En effet, notre vision du monde qui nous entoure et la place que nous occupons actuellement dans ce dernier doit obligatoirement évoluer si nous souhaitons assurer un futur habitable de notre maison commune et le juste partage des biens communs qui la composent parmi tous ses habitants. En Biovallée, se pose donc la question de savoir si la rivière Drôme peut avoir sa propre personnalité juridique ? Mais aussi comment le rapport à l’environnement change quand ce dernier est considéré comme plus qu’un simple pourvoyeur de ressources ?

La gestion du cycle de l’eau aux Amanins

Les Amanins - Classes découvertes animation mareAux Amanins la gestion de l’eau est cruciale pour plusieurs raisons : d’une part vis à vis de l’activité agricole nous permettant d’assurer la sécurité alimentaire du lieu et d’atteindre 80 % d’autonomie, d’autre part afin de réaliser un accueil touristique écologique de qualité.

Ainsi, tout le cycle de l’eau y est pensé de façon quasi entièrement circulaire car, comme dit plus haut, ces deux activités sont parmi les principales consommatrices de la ressource en eau. Dès lors, comment y appliquer la philosophie de sobriété heureuse qui nous anime et à laquelle nous nous devons d’avoir recours pour ne pas tomber dans des scenarii catastrophe ? Cela passe irrémédiablement par une consommation et une gestion de l’eau de manière contrôlée et durable, le but étant de gaspiller le moins possible et participer à une régénération de la ressource.

En cela, le projet des Amanins est un très bel exemple concret de lieu modèle en termes de gestion de l’eau. Nous avons mis en œuvre plusieurs solutions afin d’y parvenir comme le recours aux mitigeurs pour limiter la consommation, l’installation de toilettes sèches à séparateur, la création d’une station de phytoépuration pour traiter les eaux grises et les urines, la construction d’un lac collinaire pour récupérer les trop pleins des sources sur le domaine, mais aussi les eaux pluviales afin d’irriguer de façon écologique les parcelles maraîchères, la création d’une mare, zone humide tampon permettant aussi un îlot de biodiversité. À cela s’ajoute une vingtaine d’hectares de bois et de forêt préservés pour maintenir un sol frais et meuble pouvant capter l’eau en sous-sol lors des épisodes pluvieux.

Nous ne sommes pas encore à 100 % autonomes vis à vis de notre cycle de l’eau mais faisons notre maximum pour contribuer à l’éveil des consciences en nous appliquant déjà à nous-mêmes ces écogestes. Notre intention est bien de pouvoir sensibiliser et montrer que des solutions existent pour mieux interagir avec cette ressource vitale à l’espèce humaine, certes, mais surtout à l’ensemble des êtres vivants de la planète. Cela nous anime au quotidien pour mettre à contribution notre intelligence collective et notre bon sens écologique afin de répondre, à notre mesure, à l’un des plus gros enjeux de notre siècle.

 

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